Remplaçons les projets attribués en 2012 et 2014 par de nouveaux projets modernisés à 50 km des côtes

Arromanches, le 18 juillet 2020

La transition énergétique est principalement portée en France par le solaire et l’hydroélectrique, et à terme par l’éolien en mer. Cette dernière source d’énergie, malgré l’abandon de la filière industrielle française, est amenée à se développer, comme l’indique la programmation pluriannuelle de l’énergie annoncée en avril dernier (1).

Elle bénéficie de plusieurs avantages, que la maturité industrielle a permis cette dernière décennie : implantation au large à plus de 50 km des côtes, réduction du nombre de mâts pour une même puissance installée, prix compétitif.

Paradoxalement, les six premiers projets français, attribués en 2012 et 2014, sont régulièrement contestés depuis l’origine, et ne voient pas le jour, les travaux ne démarrant pas. Leurs caractéristiques concentrent les résistances, étant à l’opposé des objectifs initiaux et de ce qui se pratique désormais : "mal zonés", pour reprendre l’expression de Nicolas Hulot (2), ces projets sont très visibles des côtes et abîment ainsi des sites exceptionnels (Etretat, Cap Fréhel, Plages du Débarquement, Ile d’Yeu, etc.).

Techniquement dépassés, ces projets, figés par les appels d’offres de 2011 et 2013, prévoient des éoliennes en grand nombre et de moyenne capacité, alors que l’industrie permet aujourd’hui avec deux fois moins de mâts de bénéficier de puissance globale installée identique (3).

Enfin, ces premiers projets exigeaient des soutiens publics disproportionnés (4), liés à des implantations insuffisamment venteuses et donc structurellement non rentables, et surtout à la volonté politique initiale d’aider à l’émergence d’une filière industrielle française afin de la rendre ensuite compétitive à l’export (5). Cette ambition industrielle nationale désormais abandonnée, les nouveaux appels d’offres français sont désormais attribués au prix du marché, comparable aux prix de nos voisins européens (6).

Alors, comment sortir de l’enlisement actuel pour les premiers projets éoliens en mer attribués en 2012 et 2014 dont les travaux ne démarrent pas ? En revenant à la raison bien-sûr, qui consiste à se réaligner sur l’état de l’art : remplacer les projets attribués en 2012 par de nouveaux projets modernisés à 50 km des côtes. Ce qui apporte une triple solution :

  1. Une solution d’apaisement : pour mettre fin aux oppositions locales, faisons comme nos voisins européens ! Abandonnons les emplacements actuels beaucoup trop proches des côtes pour des implantations 50 km au large. Les oppositions disparaîtront immédiatement et les travaux pourront commencer.
  2. Une solution industrielle : adoptons les éoliennes puissantes d’aujourd’hui, et non celles qui ont 10 ans. Ainsi, le nombre de mâts et les coûts d’installation se réduisent de moitié, tout comme les emprises sur les zones de pêche, tout en bénéficiant des performances meilleures de ces nouvelles machines
  3. Une solution économique enfin : désormais disponibles aux prix de marché, les projets éoliens en mer ne nécessitent plus de soutien public ! C’est une économie de 22 milliards d’Euros qui découle directement d’un tel réaménagement (4)

    Il n’y a aucune logique à maintenir une décision ancienne alors que tous ses fondements d’origine ont disparu. Espérons que le bon sens éclaire notre nouveau gouvernement.

    Sources et références (1) à (6) : Retrouver tous les éléments dans le document joint (newsletter complète au format PDF)